Il y a quelques semaines encore, la ville de Bergerac s’imaginait devenir une concurrente sérieuse de Sarlat ou de Périgueux sur les animations de Noël, grâce à ses multiples marchés, à son programme d’événements très complet, sur le papier en tout cas. Force est de constater que du point de vue des exposants, le marché de Noël de Bergerac a été l’un des pires, si ce n’est le pire qu’ils ont connu.

Hier, deux jours avant la fermeture, l’heure était encore à la désolation au moment du déjeuner, sur le parvis des anciennes Nouvelles Galeries. Les commerçants de bouche, réunis autour d’un casse-croûte, étaient en train de faire le point sur les tops et les flops, mais surtout les flops donc de ce marché gourmand. Mais pas question pour eux de s’étendre auprès des médias. « On a dit ce qu’on avait à dire à qui de droit », a affirmé une exposante, très en colère. Et de décliner tout de même les ratés de ce Noël 2021 à Bergerac. « Les gens qui sont venus, c’était 30 secondes pour le contrôle du pass sanitaire et 57 secondes pour faire le tour du marché. Il n’y avait rien pour faire rester les gens, pas de point chaud. Nous n’avons même pas pu mettre des tabourets avec les manges debout », s’emporte l’exposante. Et d’ajouter la mauvaise situation géographique, trop loin de l’artère commerçante ou encore le manque d’animations et cette dernière semaine, décidément de trop. Bilan : des chiffres catastrophiques : « Certains jours, certains d’entre nous n’ont fait que 7 euros de recette », illustre une autre exposante. Autant dire que pour quelques-uns, le marché de Noël de Bergerac c’est définitivement terminé.

Pas mieux côté bilan pour les artisans d’art qui ont eux exposé jusqu’à vendredi dernier. 50 % de recettes en moins en moyenne avec une fréquentation en berne sur les 15 jours de leur présence. Pourtant, la météo était de la partie. « Mais tous les éléments ou presque étaient réunis pour que cela ne fonctionne pas », dénoncent les professionnels, parmi lesquels Quentin Sallat, maroquinier.

« Déjà, le principe des marchés éclatés de la municipalité qui, en fin de compte a voulu créer de l’animation un peu partout dans la ville de Bergerac, ce qui est sur le principe pas une mauvaise chose, mais qui au final a fait perdre totalement le côté village de Noël avec une véritable envie de rester sur le lieu, de passer des bons moments. Et évidemment le pass sanitaire et le fait que les chalets soient dos à dos. On avait vraiment une perte de convivialité et un côté presque parc animalier où les gens passaient autour de notre marché, derrière les barrières. » Quentin Sallat, maroquinier

Le problème du pass sanitaire qui n’avait pas été annoncé pour le marché des artisans et qui s’est finalement imposé. « Voyant que ce n’était pas le cas à Périgueux, on a essayé de chercher des réponses auprès de la mairie et de la préfecture, mais sans résultat. Tout ça est trop politique », dénonce Bérangère Estienne, créatrice de bijou en origami et habituée du marché.

Et le maroquinier d’ajouter à ces freins, la mauvaise communication. Exemple avec les panneaux de direction, mal placés ou pas assez clairs, au point que les artisans en ont refait eux-mêmes.

Mais ça n’a donc pas suffit. La plupart des exposants ont simplement pu rentrer dans leurs frais, à l’issu des 15 jours. D’autres y ont été de leur poche. Très dommageable quand on sait que la période des fêtes permet à ces créateurs de tenir le coup durant la période creuse qui suit.

Pour autant, Quentin comme Bérangère imaginent bien être de nouveau là l’an prochain. 

« On a tous très en vie de le refaire ce marché de Noël parce qu’on aime la ville de Bergerac et qu’on a notre clientèle et aussi le plaisir de se retrouver les uns, les autres, mais à certaines conditions : c’est-à-dire revenir de manière plus centrale, dans le cœur de ville. Par contre, on veut à nouveau à l’ancienne. Il faut qu’il y ait de l’alimentaire avec l’artisanal. Pas de revente. C’est un truc auquel on tient énormément. Le marché de Noël de Bergerac, il est connu depuis des années pour être un marché 100 % artisanal et cette année on s’est retrouvé avec un revendeur… » Bérangère Estienne, créatrice de bijou en origami et habituée du marché

Et la solution pour une bonne organisation, les artisans l’ont peut-être trouvé : revenir à un marché géré par les professionnels eux-mêmes et en collaboration avec la mairie, comme c’était le cas autrefois avec Luis Jeronimo. La proposition sera sans doute mise sur la table, en février prochain, lors de la réunion de debrief avec la mairie. Les artisans qui devraient en profiter pour demander un geste de la municipalité, comme une ristourne sur la location des chalets pour l’an prochain par exemple.